Extrait de Laurence Freeman o.s.b., La Parole du silence, « La peur de la mort », Le Jour éditeur, 1995, p. 170-173.
Nous fuyons constamment le moment présent, soit en vivant dans le passé, soit en créant un monde de fantasme. Or, lorsque nous méditons, le fait de dire le mantra ferme la porte à ces deux options et bloque la route de l’évasion. Il n’y a nulle part où aller, sauf ici. Le mantra indique une seule direction, le centre. Le chemin est étroit, mais c’est celui de la vérité. À mesure que nous cheminons sur la voie du mantra, à mesure que nous apprenons à le réciter avec courage et humilité, il nous mène sur une voie où tout ce qui nous empêche de parvenir à la plénitude de vie meurt. Nous mourons chaque jour dans la foi, et c’est là la préparation suprême à l’heure de notre mort. Toutefois, cette voie de mort dans la foi nous amène inévitablement à affronter deux forces très puissantes : la peur et la colère…
[…] la colère, et la peur qui en est la source, représentent tout ce que la méditation n’est pas. La colère la plus intense émane de la peur la plus profonde : celle de la mort. Mais il existe aussi toutes sortes de causes secondaires ; la peur peut provenir de tout ce qui compose notre bagage psychologique, notre histoire personnelle … Ce qui importe réellement, c’est que nous soyons en train de nous en défaire … Ce qui importe, c’est que l’amour en acte lorsque nous disons le mantra avec foi chasse la peur et la colère de notre cœur. Nous commençons à méditer avec un grand avantage si nous avons dès le départ la foi, car … le Christ, par la puissance de l’Esprit, est maintenant investi du pouvoir de nous libérer de cette peur. [Comme le dit Saint Jean dans sa Première Lettre, 4, 16-18] :
« Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. Voici comment l’amour atteint, chez nous, sa perfection : avoir de l’assurance au jour du jugement ; comme Jésus, en effet, nous ne manquons pas d’assurance en ce monde. Il n’y a pas de crainte dans l’amour, l’amour parfait bannit la crainte. »
Après la méditation
Franz Wright, “Ohio Sunflowerfield,” in God’s Silence. New York, Knoph, 2008, p. 132.
Secrètement,
chacun croit
une minute
que la mort est
une catastrophe
exceptionnelle
qui n’arrive
qu’ailleurs,
qu’aux autres,
et la minute suivante
un destin tragique
personnel auquel
on est seul condamné –
Qu’est-ce qui ne va pas, avec la vérité si profondément réconfortante et parfaite ?