John Main, o.s.b., “S’écarter du mantra”, in The Heart of Creation, New York, Continuum, 1998, p. 9-10.
La méditation et le retour permanent à la méditation, chaque jour de notre vie, équivalent à se frayer un chemin jusqu’à la réalité. Une fois que nous savons quelle est notre place, nous commençons à voir toute chose dans un lumière nouvelle parce que nous sommes devenus qui nous sommes réellement. Et en devenant celui que nous sommes, nous pouvons maintenant voir toute chose telle qu’elle est et commencer à voir autrui tel qu’il est. … Nous apprenons, grâce à la pratique et par l’expérience comment être enraciné dans notre être essentiel. Nous apprenons qu’être enraciné dans notre être essentiel, c’est être enraciné en Dieu, auteur et principe de toute réalité. Et ce n’est pas rien d’entrer dans la réalité, de devenir réel, de devenir qui nous sommes, parce que cette expérience nous libère de toutes les images qui nous tourmentent en permanence. Nous n’avons pas à nous conformer à l’image que qui que ce soit se fait de nous, mais simplement à être la personne réelle que nous sommes. […]
La méditation est exigeante. Nous devons apprendre à méditer que nous en ayons envie ou non, qu’il pleuve, qu’il neige ou que le soleil brille, … que la journée ait été bonne ou mauvaise. Dans la vision chrétienne de la méditation, qui découle des paroles de Jésus, nous découvrons la réalité du grand paradoxe de son enseignement : si nous voulons gagner notre vie, nous devons être prêts à la perdre. C’est exactement ce que nous faisons en méditant. Nous nous trouvons parce que nous sommes prêts à nous lâcher, à nous perdre dans les profondeurs, les profondeurs de Dieu. […]
Réfléchissez à ces paroles de la première épître de saint Jean, en lien avec votre pèlerinage : « Tel est le message que nous avons entendu de Jésus Christ et que nous vous annonçons : Dieu est lumière ; en lui, il n’y a pas de ténèbres. » (1Jn 1,5). Nous sommes appelés à entrer dans cette lumière et à abandonner totalement toutes ténèbres. Le chemin vers cette lumière est le chemin de l’humilité dans le silence, le chemin du mantra.
Après la méditation
Tom Hennen, “Outside Work”, in: Darkness Sticks to Everything, Collected and New Poems (Port Townsend, WA: Copper Canyon Press, 2013), p. 108.
La voix du corbeau qui filtre à travers les murs de la ferme
fait le bruit du moteur d’une voiture rouillée qui se renverse.
Des nuages portés par le vent froid du nord qui siffle doucement.
Les épinettes plantées en ligne au sud de la maison se balancent et griffent l’air.
J’ai marché loin jusqu’au champ,
jusqu’à la clôture des rochers alignés
où je suis surpris de voir de la boue molle en ce jour vif.
Pas de nouvelles traces dans la boue,
seulement l’herbe desséchée parmi les rochers,
un bosquet d’arbres nus dans le lointain,
un ciel bleu fin comme une coquille d’œuf
déchiré par les oies sombres qui le traversent,
leurs voix faibles et presque inquiètes alors qu’elles disparaissent dans un coin
qu’a enfin ouvert le cœur froid de l’hiver.