Lectures hebdomadaires

Extrait de la lettre de la lettre de Laurence Freeman, osb, Bulletin trimestriel, janvier 1997.

Méditer, c’est vivre dans l’instant du Christ, comme John Main l’a si profondément compris. Il ne s’agit pas de penser au Christ tel qu’il était ou tel qu’il reviendra, mais d’être avec lui maintenant et d’être transformé en son être. Ce n’est pas un moment statique dans l’histoire, mais c’est le mystère de l’Être même qui circule, s’étend et se déploie . . . .

Pratiquer la méditation est le seul moyen d’apprendre le sens de la méditation, qui est bien plus que ce que croient ceux qui veulent en obtenir quelque chose à court terme, et ceux qui pensent qu’en méditant ils vont faire advenir quelque chose. En apprenant à méditer, nous arrivons à comprendre comment dire le mantra, et la façon dont nous disons que le mantra ressemble beaucoup à ce que nous sommes, à la façon dont nous aimons, et dont nous aimons jour après jour.

Nous devrions dire le mantra sans impatience, sans forcer, sans aucune intention de violence. Le but du mantra n’est pas de bloquer les pensées. Ce n’est pas un dispositif de brouillage. Si des pensées nous attaquent lorsque nous méditons, nous tendons l’autre joue. En disant doucement le mantra, nous apprenons de Celui qui est doux et humble de cœur. . . .

Jour après jour, notre vie deviendra le reflet, le commentaire de notre prière. Alors notre prière ne consistera plus à commenter sans cesse notre vie. Nous serons devenus prière permanente. . . .

Après la méditation

  

Alexandre Jollien, « Regarder le mental qui s’agite », Vivre sans pourquoi. Itinéraire spirituel d’un philosophe en Corée. Le Seuil, coll. Sciences humaines, Religions/Spiritualités, 2015.

Quand l’esprit est trop secoué, il me faut voir que je non médite. Juste regarder le mental qui s’agite, c’est déjà méditer. Ne rien faire, rester attentif et contempler simplement ce qu’il y a dans la conscience, ce ciel infini que rien ne peut perturber, observer le corps du dedans, prendre note de chacune des crispations et des douleurs, repérer quand ça lâche. Laisser rappliquer encore et encore les obsessions qui s’éteindront d’elles-mêmes. Et si ça turbine là-haut, d’accord !

En zazen, l’exercice est simple : ne rien vouloir, pas même faire le vide et, humblement, paisiblement m’apercevoir que je suis à cent lieues de méditer. Voilà qui déjà provoque une heureuse rupture !

… Certains textes bouddhiques comparent le mental à un petit singe : l’animal fou, de branche en branche, saute, voltige. Avec une infinie bonté, s’approcher de lui et tout doucement lui souffler : « Gentil singe, calme-toi ! »

Réitérer l’exercice aussi souvent  que nécessaire et ne jamais, au grand jamais, élever la voix contre la bestiole en furie.

J’aime cette façon de s’adresser à l’ego, à nos peurs et à l’agitation. Par la force, avec la volonté, on n’arrive à rien. Le mental se libère millimètre par millimètre plus  qu’il ne se laisse dresser.

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