Laurence Freeman o.s.b., “Stages of Faith: Purgation” [Les étapes de la foi : la purification], in: First Sight: The Experience of Faith, London: Continuum, 2011, pp. 54-56.
L’œuvre de la foi est de maintenir notre attention tournée vers le bien, même dans les moments où tout ce que nous pouvons ressentir est néfaste et sans espoir. […] [La foi nous aide] à affronter et parfois à vaincre la peur qui est notre plus grand obstacle et l’ennemi de l’amour. […] L’un des fruits de la foi est qu’au fil du temps, nous pouvons constater qu’en nous, l’intensité de la peur diminue. Toutes sortes de choses et de situations peuvent engendrer de la peur et créer des schémas paralysants qui nous emprisonnent et limitent notre liberté d’aimer. La peur peut même être suscitée par l’amour, lorsque nous ressentons la terreur d’être possédés. Il y a aussi la peur de n’être pas aimable, la peur de l’échec, voire du succès, celle du rejet, d’être inadapté, la peur de la maladie, de la souffrance et de la mort. Ce n’est pas la haine mais la peur qui est par essence le contraire de l’amour : elle paralyse l’amour et mine la foi. […]
Si la peur s’oppose à l’amour, l’attention le cultive. En réalité, l’attention pure qu’est la prière est en soi une manifestation de l’amour. La sagesse mystique chrétienne dit que le travail de la contemplation est un travail d’amour, et non d’abord un travail moral ou intellectuel ; ce n’est pas une forme de connaissance platonique ou de sagesse extraterrestre, mais de l’amour. L’amour est personnel, relationnel. Il s’incarne dans le présent. Et quand il est assez fort, il éloigne la peur.
Après la méditation
William Stafford, “The Way It Is”, in Healing the Divide: Poems of Kindness and Connection, Brattleboro, VT, Green Writers Press, 2019, p. 86.
Ce qui se passe
Vous suivez un fil.
Cela fait partie des choses qui changent.
Mais ça ne change pas.
Les gens se demandent ce que vous poursuivez.
Vous devez expliquer le fil.
Mais il est difficile pour les autres de voir.
Tant que vous le tenez, vous ne pouvez pas vous perdre.
Les tragédies se produisent; les gens sont blessés ou meurent;
et vous souffrez et vieillissez.
Rien de ce que vous faites ne peut arrêter le déroulement du temps.
Vous ne lâchez jamais le fil.