Lectures hebdomadaires – La compassion du Christ

Laurence Freeman OSB, extrait de “Forgiveness and Compassion”, in Aspects of Love, Londres, Medio Media, 1997), pp. 72-73.

Pour apprendre à aimer tout le monde, nous devons renoncer à nos abstractions. Nous devons abandonner l’esprit de statistique qui est souvent la façon dont nous traitons la souffrance des autres. […] Apprendre à aimer signifie être capable de voir chaque membre de l’humanité comme un individu unique. C’est ici que nous arrivons à la grande différence entre la compassion et la pitié. La pitié, c’est lorsque nous aimons quelqu’un qui souffre, mais que cet amour est encore empreint de notre peur personnelle. Lorsque nous voyons la souffrance d’un autre, lorsque nous voyons quelqu’un mourir par exemple, nous ne pouvons nous empêcher de craindre notre propre mort ; et si nous sommes habités par cette peur, même inconsciemment, nous avons pitié de la personne qui meurt. Nous disons : “le pauvre” (en pensant : “Dieu merci, ce n’est pas moi”). Mais lorsque notre amour rencontre la souffrance de l’autre et brise notre peur égocentrique, nous ne pensons plus à l’autre comme à une “pauvre chose” : nous pensons à lui comme à une personne comme nous. Il n’est pas séparé de nous. Le sens de la compassion est de reconnaître que nous pleurons avec ceux qui pleurent, que nous mourons avec ceux qui meurent, que nous souffrons avec ceux qui souffrent. C’est la compassion du Christ qui a uni en lui toute l’humanité. “Quand vous avez donné un verre d’eau à celui qui avait soif, c’est à moi que vous l’avez donné. […] Ce que vous avez fait au plus petit de ces petits qui sont les miens, c’est à moi que vous l’avez fait.”

 

Après la méditation

 

 

Fady Joudah, “Mimesis”, Poetry of Presence, ed. Phyllis Cole-Dai et Ruby R. Wilson, West Hartford, CT, Grayson Books, 2017, p. 192.

Mimésis

Ma fille ne voulait pas faire de mal à l’araignée
Qui a fait son nid
Entre les poignées de sa bicyclette
Pendant deux semaines.
Elle a attendu
Qu’elle parte d’elle-même.

Si tu déchires la toile, lui ai-je dit,
Elle saura simplement
Que ce n’est pas l’endroit où faire son nid
Et tu pourras aller faire du vélo.

C’est ainsi que les autres, a-t-elle dit,
Deviennent des réfugiés, n’est-ce pas ?
.

Fady Joudah est né au Texas, de parents réfugiés palestiniens. Il a grandi en Libye et en Arabie Saoudite avant de retourner aux États-Unis étudier la médecine. En plus d’écrire de la poésie, il est médecin urgentiste à Houston, Texas, et bénévole pour Médecins sans frontières.

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