Home 2024 juillet 15 Lectures hebdomadaires – Nous avons déjà tout

Lectures hebdomadaires – Nous avons déjà tout

John Main OSB, « Growing in God », The Way of Unknowing (New York : Crossroad, 1990), pp. 79-81.

Quelle est la différence entre la réalité et l’irréalité ? Je pense qu’une manière de la comprendre est de concevoir l’irréalité comme le produit du désir. Or, la méditation nous apprend à abandonner le désir, et nous l’apprenons parce que nous savons que l’invitation qui nous est faite est de vivre pleinement le moment présent. La réalité exige immobilité, silence et présence. C’est l’engagement que nous prenons en méditant. Comme chacun peut le constater d’expérience, nous apprenons dans l’immobilité et le silence à nous accepter tels que nous sommes. Ceci paraît très étrange aux hommes de notre temps, surtout aux chrétiens d’aujourd’hui à qui on a appris à se livrer à tant d’efforts inquiets : « Ne devrais-je pas être ambitieux ? Et si je suis mauvais, ne devrais-je pas désirer être meilleur ? »

La vraie tragédie de notre temps est que nous sommes tellement remplis de désirs – de bonheur, de réussite, de richesse, de pouvoir, et de tout ce qu’on voudra – que nous sommes toujours en train de nous imaginer tels que nous devrions être. C’est pourquoi il est si rare d’arriver à se connaître tel qu’on est et d’accepter son état présent. Or, la sagesse traditionnelle nous dit : sache que tu es et que tu es tel que tu es. Il se peut que nous soyons des pécheurs et si nous le sommes, il est important que nous le sachions. Mais il est beaucoup plus important pour nous de savoir, d’expérience, que Dieu est le fondement de notre être. […] Telle est la stabilité dont nous avons tous besoin ; nous n’avons pas besoin de l’effort et du mouvement du désir, mais de la stabilité et de l’immobilité de l’enracinement spirituel. Chacun d’entre nous est invité à apprendre dans sa méditation, dans son immobilité en Dieu, qu’en Lui nous avons tout ce qui est nécessaire. […]

Après la méditation

St Augustin d’Hippone, « Les Confessions », ANTHOLOGIE DU MYSTICISME CHRÉTIEN, éd. Harvey D. Egan (Collegeville, MN : The Liturgical Press, 1996), p. 68.

Bien tard, je t’ai aimée,
ô beauté si ancienne
et si nouvelle, bien tard,
je t’ai aimée !

Et voici que tu étais au-dedans,
et moi au-dehors,
et c’est là que je te cherchais,
et sur la grâce de ces choses
que tu as faites,
pauvre disgracié,
je me ruais !

Tu étais avec moi
et je n’étais pas avec toi ;
elles me retenaient loin de toi,
ces choses qui pourtant,
si elles n’existaient pas en toi,
n’existeraient pas ! Tu as appelé, tu as crié
et tu as brisé ma surdité ;
tu as brillé, tu as resplendi
et tu as dissipé ma cécité ;
tu as embaumé, j’ai respiré
et haletant j’aspire à toi ;
j’ai goûté, et j’ai faim et j’ai soif ;
tu m’as touché
et je me suis enflammé
pour ta paix.