John Main o.s.b., extrait de The Way of Unknowing, « Religious Love », Crossroad, New York, 1990, p. 115-116.
L’un des plus grands problèmes auquel le christianisme est confronté de nos jours est que sa théologie s’intéresse, pour l’essentiel, à des pensées sur Dieu qui ne sont pas le fruit de l’expérience. En fait, ces pensées sont souvent coupées de l’expérience… Le problème, évidemment, n’est pas de supprimer la théologie mais de l’imprégner d’expérience spirituelle pour qu’elle redevienne une théologie vivante qui soit davantage qu’une réflexion sur d’autres réflexions. La vraie théologie est davantage qu’une réflexion sur l’expérience de Dieu des autres. Le christianisme moderne a besoin d’une théologie forte et contemplative, capable de mobiliser l’intelligence avec toutes les idées, les problèmes et les mouvements de la conscience moderne. Elle doit être davantage qu’un recyclage de discours sur Dieu, que des gesticulations humaines devant l’Infini. Elle doit être Dieu dans et à travers l’existence humaine, enracinée dans la prière…
En ouvrant notre coeur à l’amour au niveau le plus profond et le plus silencieux de notre être, nous ne sommes pas en train de refouler le savoir humain ou de rejeter les valeurs et les relations humaines. Au contraire, celles-ci sont toutes illuminées… Ce qu’il y a d’extraordinaire dans le message chrétien, c’est que cette lumière n’est autre que la lumière du Christ, la lumière qu’est le Christ. L’appel qui nous est adressé à entrer dans cette lumière est un appel à connaître, par expérience personnelle,… que la lumière du Christ brille dans nos coeurs et que la première tâche qui nous incombe dans la vie est de nous ouvrir à elle, de nous y baigner, de devenir grâce à elle un être complet et ainsi de voir par elle.
Après la méditation
Rumi, extrait de The Essential Rumi, d’après la trad. Anglaise de Coleman Barks, Edison, New York, Castle Books, 1997, p. 178, “Two Kinds of Intelligence”
Il existe deux sortes d’intelligence : l’une acquise
à l’école quand l’enfant retient des faits et des concepts
à partir des livres et des paroles du maître,
recueillant des informations des sciences traditionnelles
et des sciences nouvelles.
Avec cette intelligence, on s’élève dans le monde.
On est classé devant ou derrière les autres
selon son aptitude à retenir
l’information. Avec cette intelligence, on se promène
d’un domaine à l’autre de la connaissance, accumulant toujours plus
d’inscriptions sur ses tablettes de conservation.
Il existe une autre sorte de tablette, une tablette
déjà complète et conservée à l’intérieur de soi,
une source qui déborde. Une fraîcheur
au milieu de la poitrine. Cette autre intelligence
ne jaunit pas à force de stagner. Elle est fluide,
et elle ne se meut pas de l’extérieur vers l’intérieur
par les tuyaux de la plomberie-apprentissage.
Ce second savoir est une fontaine
Qui s’écoule de l’intérieur vers l’extérieur.