Pour méditer
Le but essentiel de la méditation chrétienne est de permettre à la présence mystérieuse de Dieu en nous de devenir non seulement une réalité, mais la réalité qui donne sens, forme et direction à tout ce que nous faisons, tout ce que nous sommes…
John Main, osb
La méditation Chrétienne
La méditation n’est pas une nouveauté dans la vie chrétienne ; elle a de profondes racines dans la tradition. Or, de nombreux chrétiens ont perdu le lien avec cette tradition ancestrale de prière. Méditer, c’est demeurer dans l’immobilité de l’esprit et du corps. Ce qui est vraiment extraordinaire, c’est que ce silence, en dépit de toutes les distractions du monde moderne, est parfaitement possible pour chacun et chacune d’entre nous. Cet état de silence et d’immobilité demande pour l’atteindre que nous lui consacrions du temps, de l’énergie et de l’amour.
Pour entreprendre ce pèlerinage, il existe un moyen qui consiste à réciter une courte phrase ou un mot, que l’on appelle couramment de nos jours un mantra. Le mantra n’est qu’un moyen de porter notre attention au-delà de nous-mêmes, une méthode pour nous détacher de nos pensées et préoccupations. Le vrai travail de la méditation est celui qui nous fait parvenir à l’harmonie du corps, du mental et de l’esprit. Tel est le but que nous assigne le psalmiste : « Arrête et sache que je suis Dieu. »
Saint Paul a écrit (Rom 8, 26) : « Nous ne savons pas prier comme il faut, mais l’esprit intercède pour nous. » Ce qui signifie, en langage de notre temps, que, pour être en état de prier, nous devons d’abord apprendre à être immobile, à être attentif. Alors seulement, nous entrerons avec amour dans la connaissance de l’Esprit de Jésus au plus profond de notre coeur.
La méditation, que l’on appelle aussi prière contemplative, est la prière du silence, lieu où le contact direct avec le Christ peut se réaliser, une fois que l’activité incessante du mental s’est arrêtée. Dans la méditation, nous dépassons les mots, les pensées et les images pour être en présence de Dieu à l’intérieur de nous.
D’après saint Jean de la Croix, « Dieu est le centre de mon âme ». Et pour Julienne de Norwich, « Dieu est le point immobile au centre de moi-même ». La méditation est ce pèlerinage quotidien vers notre centre.
Pour méditer
Pour méditer, il faut parvenir à l’immobilité de l’esprit et du corps. Même si cela peut sembler extraordinaire, le silence est parfaitement accessible à chacun de nous, en dépit des distractions du monde moderne. Mais pour atteindre le silence et l’immobilité, il faut du temps, de l’énergie et de l’amour.
La manière d’entreprendre ce pèlerinage est de réciter une courte expression, un mot communément appelé « mantra » . Ce moyen nous aide à porter notre attention au-delà de nous, nous éloigne des pensées et des préoccupations égocentriques qui nous habitent. Le vrai travail du méditant est d’atteindre l’harmonie du corps, de l’esprit et de la pensée. C’est ce à quoi nous invite le psalmiste :
« Sois silencieux et sache que je suis Dieu » (Ps. 45, v. 11)
Lorsque nous méditons, notre conscience se détourne de notre personne, tel un faisceau lumineux en quête d’un autre objet à éclairer.
Pendant la méditation, on ne pense pas à Dieu, on ne l’imagine pas. Ce que l’on essaie de faire est incommensurablement plus grand : il s’agit d’être avec Dieu, avec Jésus, avec son Esprit-Saint. Le méditant cherche à aller au-delà des pensées, fussent-elles de saintes pensées. La méditation n’est pas affaire de penser, mais d’être. Le but de la méditation chrétienne est de permettre à la présence silencieuse et mystérieuse de Dieu en nous de devenir la réalité qui donne forme, sens et direction à tout ce que nous sommes et à tout ce que nous faisons. Elle accomplit la tâche d’amener notre esprit distrait au calme, au silence et à la concentration.
Pour méditer, on s’installe dans un endroit paisible, sur un siège confortable, le dos bien droit et on ferme les yeux légèrement. Il faut avoir le corps détendu et l’esprit en éveil. Alors, silencieusement, à l’intérieur de soi, on commence à répéter un mot, le même mot tout au long de la méditation. Nous recommandons l’expression Maranatha, qui est une formule de prière. Ce n’est pas plus compliqué que ça. On prononce MA-RA-NA-THA, en appuyant également sur chacune des syllabes. Certaines personnes articulent le mantra au rythme de leur respiration, avec calme et régularité. La récitation doit se faire assez lentement et de façon assez rythmée. De tout son coeur, on concentre son attention sur le mot que l’on répète.
La méditation est un pèlerinage au centre de notre coeur. Elle exige de nous de la foi, de la simplicité et un esprit d’enfance. Cette simplicité elle-même demande de la discipline et même du courage. Si nous savons faire preuve de patience et de fidélité, la méditation nous amène de plus en plus loin dans les profondeurs du silence. C’est au coeur de ce silence que nous sommes introduits dans le mystère du silence éternel de Dieu. Ainsi la prière chrétienne nous invite-t-elle à nous perdre pour nous absorber en Dieu. Chacun de nous est appelé vers les sommets de la prière chrétienne, à la plénitude de la vie. Mais il faut voir l’humilité de parcourir le chemin avec fidélité pendant plusieurs années pour que la prière du Christ puisse véritablement être l’expérience qui fonde notre vie.
La méditation est un cadeau d’une magnificence tellement inimaginable qu’elle suppose une réponse graduelle, donnée en douceur. Au début, nous ne pouvons pas saisir l’étendue de sa pure splendeur, de sa parfaite merveille. Chaque fois que nous y revenons, nous pénétrons un peu plus profondément dans cette réalité et nous l’approchons un peu plus. Parce que la méditation nous fait faire l’expérience de l’amour au coeur de notre être, elle nous rend plus aimants dans la vie quotidienne et dans nos rapports avec autrui. Non seulement elle est indispensable à toute vie active qui se veut basée sur la contemplation, mais elle est la condition de toute réponse pleinement humaine à la vie.
La merveilleuse beauté de la prière est que l’ouverture de notre coeur est aussi naturelle que l’éclosion d’une fleur. Pour qu’une fleur s’épanouisse, il suffit qu’elle soit, sans autre intervention. Si nous nous contentons d’être, si nous devenons et demeurons immobiles et silencieux, notre coeur ne peut faire autrement que s’ouvrir, et l’Esprit ne peut faire autrement que se répandre dans tout notre être. C’est pour cela que nous avons été créés.
Extraits de John Main OSB “Un mot dans le silence, un mot pour méditer”
Le mantra
Le mot sacré – ou mantra – et la pratique de la méditation
Le mental a été comparé à un arbre majestueux rempli de singes turbulents qui sautent d’une branche à l’autre et ne cessent de piailler et de s’agiter. Dès que nous commençons à méditer, nous constatons à quel point cette image décrit bien l’agitation permanente dont notre mental est le siège. La prière ne consiste pas à augmenter cette confusion en essayant de la couvrir par un autre bavardage.
La méditation a pour but d’amener notre mental distrait à l’immobilité, au silence et à l’attention. Afin de nous aider dans cette tâche, nous avons recours à un mot sacré ou mantra.
Le méditant qui débute a le choix entre plusieurs mots sacrés, mais il est préférable d’avoir recours à un mot béni au cours des siècles par notre tradition chrétienne. Certains d’entre eux ont été adoptés comme mantras dès les premiers temps de l’Église.
L’un de ceux-ci est MARANATHA. Ce mot araméen signifie « Viens Seigneur, viens Seigneur Jésus. » C’est le mot recommandé par John Main (1926-1982), un moine bénédictin qui a transcrit en langage moderne cet enseignement ancestral sur la prière. C’est avec ce mot que saint Paul conclut sa première lettre aux Corinthiens (1 Co 16,22), et saint Jean son Apocalypse (Ap 22,20). Il figure aussi dans certaines liturgies primitives. Ce mot a été choisi parce qu’il n’a pas de connotation visuelle ou émotionnelle. Sa répétition continue nous conduit, avec le temps, à un silence de plus en plus profond.
La répétition du mot sacré est une pratique christocentrique, ce qui signifie qu’elle est centrée sur la prière du Christ qui jaillit en permanence des profondeurs de chaque être humain. Ainsi, sur cette voie de « prière pure », nous abandonnons toute pensée, tout mot et toute image. Sur cette voie, nous renonçons à notre moi égotiste pour mourir et renaître à notre vrai moi en Christ.
Le voyage intérieur
Un voyage intérieur de silence
La méditation est ainsi un voyage intérieur de silence, d’immobilité et de simplicité. Elle apporte la dimension contemplative qui manque si souvent à la vie chrétienne d’aujourd’hui. La méditation est un pèlerinage vers notre centre, notre coeur. Entrer dans la simplicité de cette pratique exige de la discipline et même du courage. Nous avons besoin de foi et de simplicité ; il nous faut devenir comme des enfants. À condition d’être fidèles et patients, la méditation nous entraînera vers des espaces de silence de plus en plus profonds. C’est au sein de ce silence que nous sommes conduits dans le mystère du silence éternel de Dieu. La prière chrétienne nous invite à nous perdre pour être absorbé en Dieu. Chacun d’entre nous est appelé aux sommets de la prière chrétienne et à la plénitude de vie. Mais nous avons besoin d’humilité pour avancer fidèlement sur la voie au fil des années, afin que la prière du Christ puisse vraiment devenir l’expérience fondamentale de nos vies.La simplicité
La simplicité de la méditation chrétienne
Asseyez-vous. Restez immobile, le dos droit. Fermez légèrement les yeux. Soyez détendu mais en éveil. Respirez avec calme et régularité. En silence, intérieurement, commencez à répéter un mot unique. Nous recommandons la prière MA-RA-NA-THA. Prononcez chacune des quatre syllabes de manière égale et régulière. Ecoutez le mot tout en le répétant doucement mais continuellement. N’ayez aucune pensée ou imagination, spirituelle ou autre. Toute pensée ou image qui surgit pendant la méditation est une distraction ; on s’en détourne en revenant simplement à la répétition du mot. Méditez tous les jours, matin et soir, pendant vingt à trente minutes.