Laurence Freeman, extrait de First Sight : The Experience of Faith, Londres, Continuum, 2011, p. 7 et 8.
Aujourd’hui, le christianisme est engagé dans une entreprise extrême, récupérer et actualiser la dimension contemplative dans tous les domaines : dialogue avec le monde séculier, avec le monde scientifique et avec les autres religions, et chez lui, dans sa théologie, sa morale, sa prière, son culte et son action sociale. Si l’Église échoue dans cet effort de spiritualisation, ou cède à la tentation de revenir à un monde nostalgique de supposées certitudes, comme certains l’aimeraient, il lui sera impossible de s’ajuster au monde séculier et d’être ce qu’elle doit être. Aujourd’hui, l’identité chrétienne elle-même — la réception et la communication de ce qui vient à l’humanité par Jésus — est en jeu. De cette identité découlent une relation avec les autres identités religieuses et la nécessité pour elle de jouer dans l’équipe avec les autres formes de foi pour apporter une réponse à la crise mondiale.
L’Église ne peut être contemporaine à moins d’être contemplative. Sa « catholicité » – autrement dit, son universalité – rétrécit. En rétrécissant jusqu’à la quasi extinction, elle se flétrit et devient une secte. Ce n’est cependant pas la taille de ses assemblées
qui compte mais la qualité d’esprit éveillée en ceux qui vont à l’église ou ceux qui n’y vont pas du tout, de manière conventionnelle, mais vivent la foi chrétienne autrement. Les chiffres augmentent et diminuent. L’esprit est trans-numérique. Il est soit ouvert soit fermé, ou il tend vers l’un ou l’autre. Le monde a besoin de contemplatifs aux esprits ouverts et courageux quelle que soit leur forme de religion – bouddhistes, hindouistes, juifs ou musulmans. Chacune fait face à son défi particulier de retrouver et de rétablir le contact avec son noyau spirituel.
Le christianisme a besoin de chrétiens contemplatifs, qui partent de leur expérience de ce centre et portent la parole d’un évangile unificateur dans un monde blessé tenté par l’autodestruction. La mission fait partie de la vie du disciple chrétien : aller et parler de l’expérience de la foi. Et quand la foi est forte, la conversion n’est pas le but de la mission. Elle est l’oeuvre de l’Esprit, non un projet humain. La mission du chrétien contemporain est donc essentiellement contemplative et conduira à dialoguer plutôt qu’à voler des brebis. Les contemplatifs se font à partir d’une vie qui se nourrit de foi pure. C’est pourquoi il nous faut comprendre ce qu’est la foi.
Après la méditation
Extrait de “Emerging,” R.S. THOMAS : EVERYMAN’S POETRY (London: Orion E-Books, 2011), 1394; cité par Benignus O’Rourke OSA, FINDING YOUR HIDDEN TREASURE (London: DLT, 2010), p. 27.
J’ai dû m’agenouiller longtemps, luttant avec toi, te mettant à terre.
Entends ma prière, Seigneur, entends ma prière.
Comme si tu étais sourd,
Des myriades de mortels ont maintenu leur cri perçant,
En justifiant ton silence par leur inadéquation.
Il commence à se faire jour que prier, ce n’est pas cela.
C’est l’annulation de la différence,
La conscience de moi en toi,
Et toi en moi.