John Main OSB, extrait de “The Oceans of God” (décembre 1982), The Present Christ, New York, Crossroad, 1991, pp. 222-23, 226.
Notre vie est une unité car elle est centrée sur le mystère de Dieu. Mais pour connaître cette unité, notre vision doit dépasser l’ego et élargir notre perception habituelle où nous poursuivons avant tout notre intérêt personnel. Ce n’est que lorsque nous avons commencé à nous détourner de notre intérêt personnel et de la conscience égocentrique qu’une perspective plus vaste commence à s’ouvrir.
Quand nous disons que notre vision s’élargit, nous voulons dire que nous parvenons à pénétrer au-delà des simples apparences pour voir la profondeur et le sens des choses. Il ne s’agit pas seulement de leur profondeur et de leur sens par rapport à nous … mais d’une profondeur par rapport au tout auquel nous appartenons. Telle est la voie de la connaissance de soi, et c’est la raison pour laquelle la connaissance de soi véritable est identique à l’humilité véritable. La méditation nous ouvre l’accès à cette précieuse forme de connaissance, [et cette] … connaissance devient sagesse lorsque … nous ne connaissons plus par analyse et définition mais par participation directe à la vie et à l’esprit du Christ. […]
Le plus difficile est de commencer, de faire le premier pas, de plonger dans la profondeur de la réalité de Dieu révélée dans le Christ. Dès qu’on a quitté le rivage de son ego, on capte bientôt les courants de la réalité qui nous donnent la direction et l’élan. Plus nous sommes immobiles et attentifs, mieux nous sentons comment répondre à ces courants. Et ainsi plus notre foi devient absolue et vraiment spirituelle. Par l’immobilité en esprit, nous nous déplaçons dans l’océan de Dieu. Si nous avons le courage de nous dégager de la rive, nous ne pouvons pas manquer de trouver cette direction et cette énergie. Plus nous nous éloignons, plus le courant devient fort et plus profonde est notre foi. Pendant un temps, la profondeur de notre foi est ébranlée par le paradoxe de l’horizon de notre destination qui recule toujours. Où allons-nous avec cette foi plus profonde ? Quand arriverons-nous ? Puis nous reconnaissons peu à peu le sens du courant qui nous guide et nous voyons que l’océan est infini.
Après la méditation
Theodore Roethke, extrait de Collected Poems , “The Far Field”, New York, Doubleday, 1961, p. 200.
J’ai appris à ne pas craindre l’infini,
L’étendue lointaine, les falaises venteuses de l’éternité,
La mort du temps dans la lumière blanche du lendemain,
La roue qui se détourne d’elle-même,
La vague qui se répand,
L’eau qui approche.