Lectures hebdomadaires – Notre vraie nature

Laurence Freeman, osb, extrait de Un monde de silence, « Quatrième lettre », Montréal, Le Jour éditeur, 1998, pp. 64-68.

La méditation nous rend davantage conscients de toutes les forces qui vont aujourd’hui à l’encontre de notre nature… Nous ne pourrons remédier à la perte de contact avec notre nature spirituelle – illimitée et compatissante – qu’en réapprenant ce qu’est notre vraie nature. […] La découverte de notre vraie nature, quand notre conscience reflète et partage la conscience divine, nous fait accéder à la paix et à la liberté. La paix éclot de la connaissance certaine que notre nature est enracinée en Dieu et aussi réelle que Dieu. C’est la paix toute puissante d’appartenir à ce qui, nous le savons, ne va jamais nous rejeter ou nous renier, c’est la confiance en soi que donne l’amour. La liberté jaillit lorsque … nous savons que ce à quoi nous appartenons nous appartient. L’enracinement permet l’expansion, tout comme le vœu de stabilité de saint Benoît permet une transformation continuelle.

Face aux crises que traverse le monde actuel nous devons nous demander pourquoi nous méditons. Non pas pour nous faire douter de notre engagement, mais pour l’affiner et l’approfondir. Nous ne sommes pas en quête d’expériences intéressantes. La méditation n’est pas une technologie de l’information. Elle a trait à la connaissance qui sauve, à la conscience pure… Cette connaissance rédemptrice et re-créatrice est la sagesse qui manque à notre époque. Nous pouvons la reconnaître et la distinguer de ses contrefaçons parce qu’elle ne revendique ni n’affiche aucun pronom possessif. Personne ne prétend qu’elle est la sienne… C’est la conscience de l’Esprit Saint et, par conséquent, la matrice de tout acte d’amour véritable.

 

Après la méditation

 

W.S. Merwin, « Just Now », The Pupil, New York, Knoph, 2001, p. 42.

A l’instant

Dans la matinée, alors que la tempête commence à s’éloigner,
un ciel clair se montre un instant et il me semble
qu’il y eut quelque chose de plus simple que ce que je pourrais jamais croire,
plus simple que ce que je pourrais tenter de mettre en mots,
non pas patient, ni même en attente, pas plus caché
que l’air lui-même, qui fit un moment partie de moi
à chaque inspiration et demeura avec moi inaperçu,
quelque chose qui était ici, innommé, inconnu, durant les jours
et les nuits, pas séparé d’eux lorsqu’ils vinrent et s’en furent.
Cela a dû être ici, alors ni tôt ni tard.
Par quel nom puis-je l’aborder maintenant en apportant mes remerciements ?

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