John Main, osb, extrait de « Christian Community », in : The Hunger for Depth and Meaning, éd. P. Ng (Singapour: Medio Media, 2007), pp. 143-4.
En chacun de nous se trouve une tendance à vouloir dominer l’autre. Le crime d’idolâtrie est, précisément, la création de notre propre dieu, à notre image et ressemblance. Plutôt que de rencontrer Dieu dans l’imposante différence entre Dieu et nous, nous construisons un modèle réduit conforme à notre image psychique et notre sensibilité. Nous ne blessons pas Dieu en faisant cela, bien sûr, car l’irréalité n’a aucun pouvoir sur la vérité. Mais nous nous dégradons et nous dispersons, perdant le potentiel et la gloire divine de notre humanité pour le faux scintillement du veau d’or.
La vérité est tellement plus grande, tellement plus merveilleuse. . . . C’est dans le silence de notre méditation que nous pouvons découvrir cette vérité. Le pouvoir du silence est de permettre à la vérité d’émerger, de monter en puissance, de devenir visible. Nous savons qu’elle est plus grande que nous, et nous découvrons à notre insu une humilité peut-être inattendue qui nous mène au véritable silence attentif. Nous laissons la vérité être.
Tout comme nous pouvons réduire Dieu à notre mesure et imposer notre propre identité, nous pouvons le faire avec d’autres personnes. Dans la méditation, nous développons notre capacité à transformer notre être tout entier vers l’Autre. Nous apprenons à laisser notre prochain être, tout comme nous apprenons à laisser Dieu être. Nous apprenons à ne pas manipuler notre prochain, mais plutôt à le respecter, à lui donner de l’importance, à reconnaître la merveille de son être. En d’autres termes, nous apprenons à l’aimer. . . C’est pourquoi la prière est la grande école de la communauté.
Après la méditation
Robert Frost, « A Time to Talk », in : La Poésie de Robert Frost (New York: Henry Holt, 1979), cité dans The Writer’s Almanac, 1.31.17
Un temps pour parler
Lorsque, de la route, un ami m’appelle
Et ramène son cheval au pas,
je ne reste pas immobile à regarder alentour
Vers toutes les collines que je n’ai pas bêchées,
ni à crier de là où je suis, « Qu’est-ce qu’il y a ? »
Non, pas quand c’est le temps de parler.
J’enfonce ma houe dans le sol moelleux,
La pointe de la lame de cinq pieds en l’air,
Et je me mets en marche : je monte au mur de pierre
Pour une visite amicale.