Laurence Freeman, osb, extrait de Jésus, le maître intérieur, ch. 3 « Connaissance de soi et amitié », Albin Michel, 2002.
La nouvelle espèce de vie rendue possible par la Résurrection ne repose pas sur le constat médical du tombeau vide, ni même sur la preuve circonstancielle des apparitions. La preuve se situe dans la vie quotidienne. (…) Comme l’amour, la foi en la Résurrection a un caractère raisonnable et une qualité d’être qui lui sont propres, un degré plus élevé de plénitude, saisi et non appris. Les expériences, même les apparitions de la Résurrection, passent. Elles deviennent des souvenirs. Mais nous, nous connaissons la Résurrection dans ce que les premiers disciples appelaient le « Jour du Christ ». C’est le moment présent illuminé par la capacité de la foi à voir l’invisible, à reconnaître l’évident. Comme l’a écrit Simone Weil, « Il vient à nous caché, et le salut consiste pour nous à le reconnaître. »
La question posée par Jésus [« Qui dites-vous que je suis ? »] est le don que nous fait rabbouni : le fait même de la poser dispense la « grâce du gourou ».
À chaque époque, sa question est le don en attente d’être reçu. Elle a le pouvoir d’éveiller de manière simple et subtile la connaissance de Soi dans l’expérience propre à chacun de la Résurrection ; et ce pouvoir est perpétuel. Saint Thomas emploie le présent lorsqu’il parle de la Résurrection. On peut comprendre que pour lui, la Résurrection (…) transcende toutes les catégories de temps et d’espace. De même, les icônes de la tradition orthodoxe qui la représentent suggèrent la même transcendance et montrent que la puissance qui a ressuscité Jésus est présentement et continûment active.
Le travail essentiel d’un maître spirituel consiste uniquement en ceci : non pas dire ce que l’on doit faire, mais aider à voir qui l’on est. Le Soi qu’il nous donne de connaître par sa grâce n’est pas un petit moi séparé, isolé, attaché à ses souvenirs, ses désirs et ses peurs. C’est un champ de conscience semblable à, et inséparable de la Conscience qui est le Dieu de la révélation cosmique aussi bien que biblique : l’unique grand « JE SUIS ».
Après la méditation
Jean Vanier, extrait de : Entrer dans le mystère de Jésus. Une lecture de l’Évangile de Jean, Ottawa, Novalis – Paris, Bayard, 2005.
Devenir saints
Nous, les humains, sommes un mélange
de présence de Dieu et d’absence de Dieu,
de lumière et de ténèbres,
de vérité et de chaos,
de bien et de mal,
d’ouverture et de refus.
Aucun être humain n’est saint ou pur de lui-même.
Nous ne devenons saints que par la sainteté de Dieu.
[…] Cette sainteté n’est pas quelque chose
que nous pouvons atteindre ; elle est donnée
en réponse à la prière de Jésus :
« Sanctifie-les dans la vérité. »
[ …] Nous sommes tous appelés à être des saints.
Être saint, c’est être assez pauvre pour accueillir Jésus.
La sainteté est pour ceux
qui vivent une vie ordinaire, qui peuvent se sentir seuls,
et qui posent de petits gestes de tendresse et d’amour.
Elle est pour tous ceux
qui sont âgés, malades, faibles, vulnérables, sans travail,
qui ouvrent leur cœur à Jésus, dans la confiance,
et crient : « Viens, Seigneur Jésus, viens ! »