Lectures hebdomadaires – La sagesse

Laurence Freeman, osb, extrait du Bulletin trimestriel, hiver 2001.

Il est difficile de trouver la paix intérieure en temps de conflit et de peur. Il ne nous est pas facile de nous asseoir sans bouger quand le mental et les émotions sont en ébullition. On est tenté d’abandonner la méditation au moment où on en a le plus besoin. Il est utile, alors, de comprendre que nous ne méditons pas exclusivement pour nous. Si tel était le cas, nous ne serions que des consommateurs religieux. Le vrai sens de la contemplation se trouve dans ses fruits, surtout l’amour et le service des autres. Quand nous avons la paix intérieure, nous allons vers les autres avec compassion. Sans elle, tous nos élans vers autrui sont soumis aux désirs, aux irritations et à l’esprit de compétition de l’ego. Dieu est l’amour qui dissipe la peur chez notre prochain, car lorsque nous avons rencontré cet amour en nous, nous ne pouvons plus faire de mal à notre prochain.

On n’obtient pas la paix en extirpant le mal et en le détruisant. Lorsque nous devenons conscients de nos vices – colère, orgueil, convoitise, concupiscence – l’effort pour les détruire dégénère vite en haine de soi. […] Au lieu de détruire les défauts, il vaut mieux travailler patiemment à implanter les vertus, un travail plus lent et moins spectaculaire mais beaucoup plus efficace. […] La première étape dans l’implantation des vertus qui, ultimement, supplanteront les vices consiste à établir la vertu fondamentale d’une prière profonde et régulière. Grâce à ce rythme silencieux de prière, la sagesse pénètre lentement notre esprit et notre monde. La sagesse est la puissance universelle qui transforme le mal en bien. Comme il est dit dans le Livre de la Sagesse (6, 24), « une multitude de sages est le salut du monde ». Le sage sait faire la différence entre la connaissance de soi et la fixation sur soi, entre le détachement et la dureté de cœur, entre la correction et la cruauté. Il n’y a pas de règles pour devenir sage. Les règles ne sont jamais universelles. Mais la vertu l’est.

 

Après la méditation

 

 

Extrait du Livre de la Sagesse, 7, 21-30 (AELF) :

Toute la réalité, cachée ou apparente, je l’ai connue, car la Sagesse, artisan de l’univers, m’a instruit. Il y a dans la Sagesse un esprit intelligent et saint, unique et multiple, subtil et rapide ; perçant, net, clair et intact ; ami du bien, vif, irrésistible, bienfaisant, ami des hommes ; ferme, sûr et paisible, tout-puissant et observant tout, pénétrant tous les esprits, même les plus intelligents, les plus purs, les plus subtils.

La Sagesse, en effet, se meut d’un mouvement qui surpasse tous les autres ; elle traverse et pénètre toute chose à cause de sa pureté. Car elle est la respiration de la puissance de Dieu, l’émanation toute pure de la gloire du Souverain de l’univers ; aussi rien de souillé ne peut l’atteindre. Elle est le rayonnement de la lumière éternelle, le miroir sans tache de l’activité de Dieu, l’image de sa bonté. Comme elle est unique, elle peut tout ; et sans sortir d’elle-même, elle renouvelle l’univers. D’âge en âge, elle se transmet à des âmes saintes, pour en faire des prophètes et des amis de Dieu. […] Elle est plus belle que le soleil, elle surpasse toutes les constellations ; si on la compare à la lumière du jour, on la trouve bien supérieure, car le jour s’efface devant la nuit, mais contre la Sagesse le mal ne peut rien.

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