Lectures hebdomadaires – La contemplation

Laurence Freeman, osb, extrait de « La lettre de Laurence », Meditatio, Bulletin de la CMMC, automne 2017.

Derrière le mot « contemplation » se cache le mot templum ou « temple ». Aujourd’hui, on imagine par là un édifice religieux. Le sens original n’était cependant pas la structure physique mais l’espace en lui-même – avant que l’édifice ne soit érigé ou que des liturgies sacrées ne s’y déroulent. Cela donne un sens nouveau à ces paroles de saint Paul : « Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3,16) Ainsi nous sommes un espace. Pas seulement des contenants de pensées étonnantes et d’imagination, des connexions nerveuses et une biologie complexe. Nous sommes l’espace de Dieu.

[Et nous sommes en relation.] Sœur Eileen O’Hea avait une phrase émouvante dont je me souviens toujours : la relation est le fondement sacré de notre humanité. C’est une vision de toutes les relations. De façon existentielle, nous ne pouvons pas nous imaginer ne pas être insérés dans des relations, dans toutes leurs dimensions : historique, sociale, affective, écologique et cosmique. Nous existons et vivons dans un réseau d’interdépendance. Spirituellement, nous sommes reliés à tout ce qui existe, dans le Christ, en qui toutes choses se rassemblent dans l’unité.

Une relation contemplative signifie dépasser le sens étroit de l’ensemble de « mes » relations – celles que je contrôle, possède, pour lesquelles je ressens de la jalousie ou que je défends violemment, avec le côté sombre de l’éros. Alternativement, nous voyons dans les relations un lieu de croissance où nous apprenons à être fidèles, non possessifs, aimant avec détachement et sans projection, et un lieu où nous grandissons en connaissance de soi. Les relations sont des espaces-temples, et non des constructions de l’ego. Nous ne devons pas adorer ceux avec qui nous sommes en relation. Nous réalisons l’union avec eux en adorant avec eux, en esprit et en vérité, dans le fondement divin de toute relation.

 

Après la méditation

 

 

Denise Levertov, « In Whom We Live and Move and Have Our Being », in The Stream & the Sapphire: Selected Poems on Religious Themes, New York, New Directions, 1997, p. 27.

« En qui nous vivons, nous nous mouvons et avons l’être »

Les oiseaux planent, portés par les vents,
souffle sacré ? Non, pas le souffle de Dieu
semble-t-il, mais Dieu,
l’air enveloppant tout le globe de l’être.
C’est nous qui respirons,
inspirons, expirons, inspirons le sacré,
les feuilles frémissent, nos ailes se lèvent, froissées
– mais seuls les saints prennent leur envol.
Nous sommes tapis dans la crevasse d’une falaise
ou glissons doucement
sur les branches vers le nid. Le vent
marque le passage des saints qui chevauchent
cet océan d’air. Lentement leur sillage
nous atteint, nous ébranle.
Mais orage ou calme,
engourdis ou attentifs,
nous inhalons, exhalons, inhalons
englobés, englobés.

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