John Main, osb, « Briser le miroir », Le Chemin de la méditation, Bellarmin, 2001, pp. 90-92.
Je ne pense pas exagéré de dire que le péché originel est la conscience de son moi, l’hyper conscience de soi de l’égoïsme qui engendre une conscience divisée. Elle agit comme un miroir entre Dieu et soi. Chaque fois que je regarde dans le miroir, je me vois moi-même. Le but de la méditation est de briser ce miroir afin de ne plus voir des choses que leurs reflets, des images inversées, y compris de soi-même. L’essence de la méditation consiste à prendre d’assaut le royaume des cieux. Il faut briser le miroir, et Jésus invite à triompher de cette conscience de soi, de ce moi prisonnier de ses reflets, lorsqu’il dit que nul ne peut être son disciple à moins de renoncer à soi.
Il ne faut pas une très longue expérience de la vie pour se rendre compte que cette conscience de soi induit faussement à croire que l’univers entier gravite autour de soi ; ni pour conclure qu’il est désastreux de se trouver dans cet état. Sans doute est-ce là ce qui pousse la plupart d’entre nous à méditer. Nous ne voulons pas passer le reste de notre vie à regarder des images inversées dans un miroir. Nous voulons courageusement porter notre regard à l’intérieur du mystère infini de Dieu. Mais dès que nous commençons à sentir la première érosion de la conscience de soi et à entrer dans le profond silence de la méditation, il se peut que nous soyons troublés et que nous prenions peur. C’est là que nous avons besoin de foi, de comprendre que la foi est un don qui nous est offert en abondance, nous dit saint Paul, si seulement nous nous ouvrons à lui et si nous martelons sans relâche le miroir jusqu’à ce qu’il se brise en mille morceaux. Nous le martelons [en douceur] avec notre mantra.
Il n’y a absolument rien de passif dans la méditation. C’est un état d’ouverture de plus en plus grande et de plus en plus profonde à la source génératrice de toute réalité, le Dieu-qui-est-amour. Le but de notre vie et ce à quoi elle nous invite n’est rien de moins que l’union totale, la résonance parfaite avec cette source d’énergie.
Après la méditation
Rumi, extrait tiré de The Soul of Rumi, “Heart-knowing and the jasmine scent of feeling near to god”, New York, Harper & Collins, 2001, p. 324.
Tu ne peux commettre ou dire
aucune erreur si ta conscience est dans ton amour
et ton amour est en
Dieu. En cette lumière, il n’y a place pour aucune distraction.