Laurence Freeman, osb, extrait de Jésus, le maître intérieur, ch. 3 « Connaissance de soi et amitié », Albin Michel, 2002.
La question posée par Jésus [« Qui dites-vous que je suis ? »] est le don que nous fait rabbouni : le fait même de la poser dispense la « grâce du gourou ».
À chaque époque, sa question est le don en attente d’être reçu. Elle a le pouvoir d’éveiller de manière simple et subtile la connaissance de Soi dans l’expérience propre à chacun de la Résurrection ; et ce pouvoir est perpétuel. Saint Thomas emploie le présent lorsqu’il parle de la Résurrection. On peut comprendre que pour lui, la Résurrection […] transcende toutes les catégories de temps et d’espace. De même, les icônes de la tradition orthodoxe qui la représentent suggèrent la même transcendance et montrent que la puissance qui a ressuscité Jésus est présentement et continûment active.
Le travail essentiel d’un maître spirituel consiste uniquement en ceci : non pas dire ce que l’on doit faire, mais aider à voir qui l’on est. Le Soi qu’il nous donne de connaître par sa grâce n’est pas un petit moi séparé, isolé, attaché à ses souvenirs, ses désirs et ses peurs. C’est un champ de conscience semblable à, et inséparable de la Conscience qui est le Dieu de la révélation cosmique aussi bien que biblique : l’unique grand « JE SUIS ».
Après la méditation
Rumi, extrait de « Love with no object», [l’amour sans objet], The Soul of Rumi, tr. Coleman Barks, New York, HarperCollins, 2001, p. 168.
As-tu vu quelqu’un tomber amoureux de son ombre ?
C’est ce que nous avons fait.
Laisse les amours partielles et trouve celui qui est entier.
Où est celui qui peut faire cela ?
Ils sont si rares, ces cœurs qui portent la bénédiction et la prodiguent sur tout.
Garde ta robe de mendiant et accepte leur générosité.
Tout ce qui n’en provient pas endommagera le tissu,
comme une pierre tranchante qui déchire ta sincérité.
Garde cela intact et utilise la clarté ;
Appelle-la discernement.
Tu as en toi une force décisive qui sait
quoi recevoir, de quoi te détourner.