Laurence Freeman osb, in : Aspects of Love, Londres, Medio Media, 1997, p. 54.
Nous pouvons apprendre à voir la réalité. La voir simplement et vivre avec, c’est guérir. Elle nous apporte une nouvelle forme de spontanéité, celle d’un enfant qui goûte la nouveauté de la vie et de l’expérience directe. Nous devons retrouver cette spontanéité pour entrer dans le royaume. C’est la spontanéité de la vraie moralité, qui consiste à faire naturellement ce qui est bien, à ne pas vivre seulement dans le respect des règles, mais dans l’unique moralité qui soit, celle de l’amour. L’expérience de l’amour nous donne une capacité renouvelée de vivre notre vie avec moins d’effort. Vivre demande moins de lutte, de compétition, de nécessité d’acquérir, car l’amour ouvre pour nous ce que nous avons tous entrevu d’une certaine manière à un moment donné : que notre nature essentielle est joyeuse. Tout au fond, nous sommes des êtres joyeux. Si nous pouvons apprendre à savourer les dons de la vie et à voir ce qu’elle est vraiment, nous serons mieux équipés pour accepter ses tribulations et ses souffrances. C’est ce que nous apprenons doucement, lentement, jour après jour, en méditant.
Après la méditation
Ellen Bass, «The Thing Is», Mules of Love, Rochester, NY, American Poets Continuum Series, n ° 73, 2002, emplacement 865 du livre électronique.
Le fait est
aimer la vie, l’aimer même
quand tu n’as pas le cœur à ça
et que tout ce qui t’est cher
s’effrite comme du papier qui brûle entre tes mains,
te laissant à la gorge un goût de vase.
Quand le chagrin s’assied près de toi, que sa chaleur tropicale
épaissit l’air, lourd comme de l’eau
faite pour des branchies plus que des poumons ;
Quand le chagrin te pèse comme ta propre chair
et même davantage, une obésité de chagrin,
tu penses, Comment un corps peut-il résister à cela ?
Alors tu tiens la vie comme un visage
entre tes paumes, un simple visage,
sans sourire charmant ni yeux violets,
et tu dis, oui, je vais te prendre
Je t’aimerai, encore.