Laurence Freeman osb, “Letter One”, Common Ground, New York, Continuum, 1999, pp. 17-18.
La sainteté exige du courage, le courage né de la solitude. Tant que ce courage n’est pas apparu en nous, nous ne pouvons atteindre le but auquel nous aspirons au tréfonds de nous-même, et vers lequel tendent nos efforts. Tant que nous ne sommes pas conscients que nous participons de droit à la communauté de Dieu et à l’univers de Dieu, le grand shalom n’est pas pour nous. L’obéissance aux règles et aux conventions de la religion n’est pas en soi une manifestation de sainteté, mais elle nous prépare à une expérience qui se déploie dans la vie et dans les relations et qui, surtout, s’exprime dans la compassion et l’amitié inconditionnelle, expérience qui n’est autre que l’ouverture de l’œil du cœur. Elle lève le voile d’ignorance qui trouble la vision profonde de la vraie nature de la réalité.
Cette vision, quand elle se fait jour, nous rassure, nous met dans la joie et l’allégresse. Une joie pure. La sainteté grandit par ces intuitions, à tous les niveaux de notre vie et de notre conscience. Mais elle s’intensifie par la perception fondamentale qui nous vient lorsque nous voyons clair en nous-mêmes. C’est ce qui arrive lorsque le mur de briques de l’ego fait place à l’esprit du Christ. Notre individualité isolée, avec sa tristesse inhérente, s’élargit pour révéler la véritable individuation qui montre que nous sommes des parties indivisibles du grand tout. La fixation sur nos propres péchés ou sur les péchés des autres est absorbée dans la perception de Dieu qui est tout en tous.
Après la méditation
Franz Wright, “Weekend in the Underworld”, in : Walking to Martha’s Vineyard, New York” Knoph, 2004, p. 50.
Week-end dans les bas-fonds
Un jour, j’ai tenu ton visage dans mes mains,
j’ai vu à travers l’espace.
Pauvre esprit
maintenant à la dérive
comme une fumée sous la pluie battante
Attends—
Es-tu là ?
Partout. Je suis
partout