John Main, osb, « The Silence of Love », Word Made Flesh, Canterbury, Norwich, 2009, pp. 29-30.
Le langage est tellement impuissant à exprimer la plénitude du mystère. C’est la raison pour laquelle le silence absolu de la méditation est d’une si grande importance. Nous ne cherchons pas à penser à Dieu, à parler à Dieu ou à imaginer Dieu. Nous nous tenons dans ce silence mystérieux, ouvert au silence éternel de Dieu. Chacun peut découvrir dans la méditation, par la pratique et par l’enseignement quotidien de l’expérience, que ce silence est notre milieu naturel. Tous nous sommes créés pour cette expérience et notre être s’épanouit et se dilate dans ce silence éternel.
Mais déjà le mot « silence » dénature l’expérience et peut faire peur à beaucoup, parce qu’il suggère une expérience négative, la privation de son ou de langage. On craint que le silence de la méditation ne soit de nature régressive, mais l’expérience et la tradition nous enseignent que le silence de la prière n’est pas un état pré-linguistique mais post-linguistique, dans lequel le langage a accompli sa tâche de nous conduire à travers lui et au-delà de lui-même et de tout l’univers de la conscience mentale. Le silence éternel n’est privé de rien, et il ne nous prive de rien. C’est le silence de l’amour, de l’acceptation sans réserve et sans condition. […]
Nous nous connaissons aimés, ce qui nous permet d’aimer. La méditation est une façon d’achever ce cycle de l’amour. Par notre ouverture à l’Esprit qui réside en nos cœurs, et qui, en silence, est tendresse pour tous, nous entamons le pèlerinage de la foi. Et nous terminons dans la foi parce qu’il y a toujours un nouveau commencement à la danse éternelle de l’être-dans-l’amour.
Après la méditation
Denise Levertov, « Les autels », The Stream & the Sapphire: Selected Poems on Religious Themes, New York, New Directions, 1997, p 30.
1
À nouveau devant ton autel, Seigneur silencieux.
Et voici le bruit des eaux tumultueuses,
un chant de colombe.
Tous les temples ne te servent pas de lieu de repos.
Ici, cependant, aujourd’hui,
sur le continuo de la rivière,
sous le monologue de la colombe,
ton silence hospitalier.
2
À nouveau devant ton autel, Seigneur silencieux.
Ta présence s’est fait reconnaître
à ces interventions imprévues
comme ces paniers de légende, pleins
de pain et de vin, découverts
à la porte d’un homme fatigué,
rentrant chez lui les mains vides
après une journée de recherche de travail.