Extrait de Laurence Freeman osb, Lettres sur la méditation, « Troisième lettre », Editions du Relié, 2003.
« Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser » (Romains 12, 2).
Même si la méditation n’était pas plus qu’une brève immersion quotidienne dans le royaume intérieur, elle mériterait notre complète attention. Mais c’est bien plus qu’une évasion temporaire de la prison que sont nos schémas de peur et de désir. Aussi complexes que soient ces schémas, qui nous font craindre la mort et le véritable amour nécessaires à notre croissance et à notre survie, la méditation les simplifie tous. Jour après jour, méditation après méditation, ce processus de simplification se poursuit. Petit à petit, nous devenons moins craintifs jusqu’à ce que, dans la joie d’être libérés des images et des souvenirs du désir, nous goûtions l’affranchissement total de la peur. Alors – et même avant cela – nous devenons utiles aux autres, capables d’aimer sans peur ni désir, […] libérés afin de servir notre être véritable qui est le Christ en nous.
Après la méditation
Sri Aurobindo, in: Satprem, Sri Aurobindo ou l’aventure de la conscience, Paris, Buchet Chastel, 1964
Un vol d’oiseaux
Dans l’esprit calme, c’est la substance de l’être mental qui est tranquille, si tranquille que rien ne la trouble. Si des pensées ou des activités se produisent, elles ne surgissent pas du tout de l’esprit, mais elles viennent du dehors et traversent l’esprit comme un vol d’oiseau traverse le ciel dans un espace sans vent. Il passe, ne trouble rien, ne laissant aucune trace. Même si un millier d’images ou les événements les plus violents la traversent, la tranquillité demeure comme si la texture même de l’esprit était une substance de paix éternelle et indestructible. Un esprit qui a atteint ce calme peut commencer à agir, et même avec intensité et puissance, mais il conservera sa tranquillité fondamentale – ne produisant rien de lui-même, mais recevant de Là-haut et lui donnant une forme mentale sans ajouter quoi que ce soit du sien, calmement, sans passion, bien qu’avec la joie de la Vérité, le pouvoir heureux et la lumière de son passage.