Laurence Freeman o.s.b., extrait du Bulletin trimestriel, janvier 2020.
Ce que nous appelons souvent de l’amour peut être une faim, un désir de confort et de possession issu de notre solitude. Lorsque notre « amour » égocentrique est déçu – par celui sur qui nous l’avons projeté – il peut rapidement se transformer en colère et en désespoir. Pour sortir de ce cycle, nous avons besoin d’ascèse, d’une discipline personnelle pour exercer notre capacité d’attention. Cette capacité finit par devenir un amour qui transforme l’ego. Porter attention au réel, et non à notre version illusoire de la réalité, illustre pourquoi la vérité nous rend libres, capables d’aimer et d’être aimés.
Le lien entre la méditation (l’ascèse fondamentale de la vie chrétienne) et l’amour (la source et le but de la sagesse) est comme un cordon qui tire le rideau d’une pièce obscure, laissant pénétrer la lumière divinisante d’une nouvelle sainteté. La nouvelle sainteté pour notre temps consiste à reconnaître Dieu dans toutes les situations de notre époque, sans nostalgie et en accord avec tout ce que nous avons appris sur la nature humaine et les lois de l’univers. C’est une sainteté universelle et non paroissiale. Elle ne dépend pas de l’approbation humaine mais de la reconnaissance mutuelle qui se produit entre Dieu et nous dans l’état de contemplation. Son fruit est l’œcuménisme de toutes les religions.
En nous appuyant sur le modèle de l’histoire, nous pouvons deviner que le renouveau de la vie chrétienne se réalisera lorsqu’un certain nombre de disciples auront appris comment traverser l’extraordinaire tempête de notre crise actuelle.
Après la méditation
Franz Wright, “Love”, in: God’s Silence, New York, Knoph, 2006, p. 99.
AMOUR
Alors qu’ils se demandaient s’il fallait la lapider
̶ et pourquoi pas ? ̶
il s’est agenouillé et s’est mis à écrire du doigt
quelque chose dans la poussière.
Comme vous le savez,
nous sommes faits de poussière,
et la parole inconnue a donc été, est et sera toujours
écrite dans notre chair,
dans les plis obscurs de la chair de la mémoire.
En arche ên ho logos :
au commencement était le verbe.