Laurence Freeman o.s.b., extrait du Bulletin trimestriel, janvier 2020.
[La nouvelle sainteté] nous permet d’apercevoir, dans l’effondrement des anciennes structures, le processus de réforme qui se déploie. Cela nous donne confiance pour faire face aux puissances massives des ténèbres, car nous voyons non seulement leur capacité de ravage, mais aussi leur superficialité et leur mensonge intrinsèques : la négation effrontée de la vérité, la politique de l’œil pour œil, dent pour dent qui sape la justice, la tromperie de l’évangile de la prospérité qui blasphème contre Celui qui est Saint.
Qu’est-ce qui nous permet de nous engager sur le chemin de la vérité en renouvelant notre don de soi ? Comment commencer une œuvre bonne et empêcher l’ego de la détourner ? En découvrant la vraie nature de l’amour. Nous ne pouvons pas la trouver sans aller dans le désert de la solitude, renonçant à la possessivité et triomphant du démon de la solitude. Avec le temps, c’est le travail de la contemplation qui nous conduit de l’échec à l’humilité. […] La méditation restaure la sagesse perdue du lien entre l’ascèse – l’entraînement à la discipline de l’attention désintéressée – et l’amour. C’est l’accord perdu dans la musique de l’humanité que nous devons continuellement retrouver. Apprendre à méditer, tout simplement et immédiatement, nous enseigne que pour trouver, nous devons perdre.
Pour connaître la vérité qui nous libère de l’illusion, nous devons nous voir dans les autres et voir les autres en nous-mêmes. Jésus insiste sur le fait qu’il n’y a là rien à craindre. Rumi l’a vu aussi quand il écrivait : « Dans la ruine de la douleur, vous trouvez le diamant de la passion divine qui peut ressusciter les morts ».
Après la méditation méditation
Anne DUCROQ, in Petite anthologie spirituelle pour traverser les épreuves de la vie, Paris, Albin Michel, 2012.
Fragilité de l’être
Se savoir et se reconnaître fragile est un immense chemin d’homme. Il est beau, il est aussi ingrat et d’une grande exigence. Notre société aime peut-être trop les battants et les forts. […]
Chaque matin, même le plus dur, a sa rosée délicate. Et si le progrès physique n’est pas ou plus d’actualité, il reste les progrès psychologiques ou spirituels. Arrêter de commenter la souffrance, de se débattre et de se cabrer contre elle, entrer pas à pas dans l’acceptation, dans l’abandon.
À force de vouloir pousser comme des chênes grands, solides et beaux, on a fini par oublier que nous sommes avant tout des germes en devenir, petits, fragiles et seuls. Une faiblesse intrinsèque nous habite, je dirais même qu’elle nous attend : on ne devient pas un homme en excluant cette part de nous-mêmes.