Laurence Freeman o.s.b., La parole du silence, « Espérance », Le Jour éditeur, 1995, p. 200.
L’espérance n’est pas le désir de quoi que ce soit. Ce n’est pas rêver de quelque chose. C’est un mode à l’inverse de l’imagination. L’espérance est une attitude ou une direction fondamentale de la conscience. C’est se tourner vers l’extérieur. L’espérance, c’est découvrir que nous faisons partie intégrante de quelque chose de plus grand que nous et que nous vivons avec l’énergie de cette réalité toute entière. L’espérance, c’est se tourner vers l’extérieur du moi, quelle que soit la difficulté de rester tourné vers l’extérieur. Le désespoir est une soumission de la conscience à la force de l’introversion. […] L’espérance est une vertu absolue, constante et inconditionnelle. On ne peut pas espérer uniquement quand les choses vont bien. Vous devez avoir de l’espérance et, en un sens, choisir d’espérer, quelle que soit la manière dont les choses tournent, quelle que soit notre tendance à retomber dans la conscience de soi, dans l’enceinte sûre de l’ego. L’espérance est l’une des vertus qui émane de la prière profonde, où nous nous tournons du moi vers Dieu. […] L’espérance est l’aspiration à être définitivement arrivé au port. C’est l’aspiration la plus forte de notre être.
Après la méditation
Tom Hennen, « From a Country Overlooked » [D’un pays oublié], Darkness Sticks to Everything, Port Townsend, WA, Copper Canyon Press, 2013, p. 74.
Il n’est pas de créatures que vous ne pouvez aimer.
Une grenouille appelant Dieu, d’un fossé plein de lune,
quand vous êtes sur une route de campagne dans la nuit de juin.
Le son suffit à faire pleurer les étoiles de bonheur.
Le matin, le paysage vert est soulevé du sol par l’odeur de l’herbe.
Le jour traverse les heures,
porté sans effort par les insectes brillants vivant leur vie secrète.
La beauté de l’espace, vers les horizons de prairies, nous fait mal.
Les feuilles du peuplier cliquètent dans une langue antique
au plus froid et au plus sombre de l’univers.
Le peuplier vous parle aussi de brise et de soleil tacheté.
Vous êtes chez vous dans ces grands espaces vides
tout comme les merles aux ailes rouges et les marais.
Vous êtes à l’aise dans ce lieu si plein de grâce et d’être
qu’il scintille comme des bijoux renversés sur de l’eau.