Lectures hebdomadaires – Grandir en conscience et en sainteté

Laurence Freeman o.s.b., extrait du Bulletin trimestriel, octobre 1997, p. 2-7.

Des pans entiers de la vie semblent s’évanouir de la mémoire. Les problèmes qui nous tourmentent ou les plaisirs qui nous enchantent, les projets qui nous absorbent ou les chagrins inconsolables qui nous donnent l’impression que la vie est finie, tout s’estompe avec le temps. Mais il est d’autres expériences, qui ne soulèvent pas autant de vagues émotionnelles quand elles surviennent, mais qui, elles, ne passent pas. Nous nous souvenons de ces épiphanies de conscience pure au plus profond de nous-mêmes parce qu’elles deviennent une partie de nous-mêmes. De la manière souvent tranquille et modeste dont elles se sont produites, elles ont arraché quelques-unes des couches qui habituellement nous empêchent de voir, et nous ont révélé à quoi nous ressemblons réellement, qui nous sommes vraiment. Pas de coup de tonnerre fracassant dans cet éveil, pas de gros titres mystiques. Mais il s’agissait d’une vraie nouvelle, d’un événement dont l’intérêt ne disparaîtra pas avec le journal du lendemain. […]

Quelle que soit la manière de décrire ces moments – et ils sont très courants parce qu’ils ponctuent la croissance de notre conscience – ils sont la preuve dont nous avons besoin que nous sommes réels ; que nous existons. Et quand cette preuve a atteint en nous une profondeur suffisante, nous commençons à voir le sens de l’existence comme une croissance en sainteté.

 

Après la méditation

 

 

Margaret Gibson, « Sunday Morning », in : Not Hearing the Wood Thrush : Poems, Baton Rouge, LSU Press, 2018, p. 46.

Dimanche matin

Fragrance de chèvrefeuille dans la piscine d’un pot vert…

La pluie de la nuit dernière s’est transformée en perles le long de la corniche,
éclairant les vitres de la fenêtre.

Je suis à l’écoute des bruits qui suivent, portés par le vent…

Lentement la pluie de la nuit dernière
se glisse partout jusqu’au fond des racines.

Elle voyage en silence, sans être invitée.

Parfois, le sacré est une cloche qui se lance et jette ses notes d’appel.

Ou comme maintenant, la corde d’une cloche qu’on relâche
qui ne veut pas rompre le silence mais le sonder.

Il n’y a pas de quoi prier, pourtant tout est prière.

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