Laurence Freeman OSB extrait de Meditatio, édition internationale, Vol 44, No 3, novembre 2020, pp. 4-5.
Reconnaître les erreurs que nous avons commises est douloureux et décourageant : la négligence envers les plus pauvres et les plus vulnérables d’entre nous, ou pire encore ; le mal que nous avons permis aux méga-riches de s’infliger à eux-mêmes et aux autres parce que nous les avons flattés et encouragés au lieu de les appeler à faire face à la réalité de notre interdépendance ; le mal que nous avons fait à la beauté de la nature qui nous sauve du désespoir ; la cruauté envers les animaux qui sont nos ancêtres et nos compagnons de vie ; […] Mais aussi douloureuse que soit la connaissance de soi, elle génère de l’espoir et ouvre de nouveaux horizons. Il est de la responsabilité du contemplatif de mettre en évidence et d’insister sur cette espérance contre le pessimisme du monde actuel. […]
La contemplation guérit le monde en restaurant la santé là où la brutalité, la cruauté, la cupidité et l’égoïsme nous ont blessés. Elle va même au-delà, comme le révèle au regard du cœur le mystère de l’incarnation. Notre destination commune, notre destin personnel est l’unité, où nous sommes reconnus parce que nous sommes connus, aimés gratuitement et où notre travail, quel qu’il soit, est un service.
Après la méditation
Philip Larkin, “The Mower”, dans The Complete Poems of Philip Larkin, New York, Farrar, Straus and Giroux, 2012, p. 118.
La tondeuse
La tondeuse a calé, deux fois ;
à genoux, j’ai trouvé un hérisson coincé entre les lames, tué.
Il était dans les herbes hautes.
Je l’avais vu auparavant, et même nourri, une fois.
Maintenant, j’avais massacré sa vie discrète de manière irrémédiable.
L’enterrement n’y ferait rien :
Le lendemain matin, je me suis levé
et il n’était plus là.
Le lendemain d’un décès, l’absence est toujours la même ;
Nous devons faire attention les uns aux autres,
nous devons être gentils
tant qu’il est encore temps.