Laurence Freeman OSB, extrait de “Understanding Faith” in First Sight: The Experience of Faith (Londres: Continuum, 2011), p. 13-14.
Se contenter d’affirmer et de défendre ses croyances ne peut mener à une vraie communauté de foi. Cette attitude fait de nous des adeptes d’une secte, des artisans d’une cabale fondamentaliste. Elle inhibe le mental en tant qu’organe de perception et de vérité. Si, confondant ainsi foi et croyance, nous envisageons la foi comme une vertu conférant le sentiment d’être supérieur aux autres, nous devenons tel le pharisien qui remerciait Dieu de l’avoir fait différent des autres et qui trouvait satisfaction dans sa supériorité. Dans cet état, un esprit religieux peut même se persuader que cette attitude est de l’humilité. En nous identifiant à la croyance au détriment de la foi, nous nous situons dans un monde privé de notre fabrication plutôt que dans le royaume de Dieu ou du Christ dans lequel « il n’y a ni Juif ni Grec, ni homme ni femme, ni esclave ni homme libre ». […]
La foi est la voie royale de l’esprit. Tout acte de foi que nous faisons est un dévoilement du labyrinthe de l’esprit. La croyance, coupée de la foi, conduit à un dédale de miroirs, une suite infinie de régressions, le dédale de l’ego. Les dédales conduisent à des impasses, et plus nous nous perdons plus nous paniquons. Les labyrinthes, en revanche, ne demandent qu’une chose, que l’on suive avec foi leurs sinuosités étranges mais en fin de compte symétriques, pour nous faire revenir au centre.
Après la méditation
William Stafford, “The Way It Is”, dans Healing the Divide: Poems of Kindness and Connection (Brattleboro, VT: Green Writers Press, 2019), p. 86.
Les choses telles qu’elles sont
Tu suis un fil
qui va parmi des choses qui changent.
Mais lui ne change pas.
Les gens s’interrogent sur ce que tu poursuis.
Tu dois expliquer le fil.
Mais les autres ont du mal à le voir.
Tant que tu le tiens, tu ne peux pas te perdre.
Des tragédies surviennent, des gens sont blessés
ou meurent, tu souffres et vieillis.
Rien de ce que tu fais ne peut arrêter le déroulement du temps.
Ne lâche jamais le fil.