Extrait de John Main o.s.b., Le chemin de la méditation, « Mort et Résurrection », Bellarmin, 2001, p. 117-119.
Saint Benoît recommandait à ses moines d’« avoir chaque jour devant les yeux la menace de la mort » (Règle, ch. IV). On parle peu de la mort dans le monde moderne. Mais toute la tradition chrétienne nous apprend que, pour devenir sages, il faut nous faire à l’idée que nous n’avons pas ici-bas de « cité permanente » (He 13, 14)… Les sages des temps passés et présents nous enseignent que, pour avoir une juste perspective sur la vie, il faut garder la mort présente à l’esprit… Pour qui est attaché au monde, parler de la mort est difficile. En vérité, le premier fantasme qui anime l’attachement aux biens de ce monde procède d’un point de vue diamétralement opposé : non pas la sagesse de se savoir mortel, mais le pur fantasme que nous sommes immortels, à l’abri de la défaillance physique.
Mais la sagesse de la tradition incarnée par saint Benoît enseigne que la reconnaissance de notre faiblesse physique nous rend capables de percevoir aussi notre fragilité spirituelle. Il y a une profonde connaissance en nous tous, si profonde en vérité qu’elle est la plupart du temps enfouie, qu’il nous faut établir le contact avec la plénitude de la vie et avec la source de la vie. Il nous faut établir le contact avec la puissance de Dieu et, d’une manière ou d’une autre, ouvrir les fragiles « vases de terre » que nous sommes à l’amour éternel de Dieu, un amour inextinguible. […]
Chaque fois que nous nous asseyons pour méditer, nous entrons dans cet axe de mort et résurrection. Ceci parce que, dans notre méditation, nous dépassons notre vie et toutes ses limitations pour entrer dans le mystère de Dieu. Nous découvrons, chacun d’entre nous par sa propre expérience, que le mystère de Dieu est le mystère de l’amour, de l’amour infini – de l’amour qui chasse toute peur.
Après la méditation
Ranier Maria Rilke, “Buddha in Glory”, dans: The Enlightened Heart: An Anthology of Sacred Poetry, ed. Stephen Mitchell (New York: Harper, 1989), p. 131.
BOUDDHA DANS LA GLOIRE
Centre de tous les centres, noyau des noyaux,
amande enfermée en elle-même et poussant avec douceur –
tout cet univers, jusqu’aux étoiles les plus lointaines
et au-delà, est ta chair, ton fruit.
Tu sens maintenant que rien ne s’accroche à toi ;
ta vaste enveloppe s’étend dans l’espace infini,
et là, des fluides riches et épais montent et coulent.
Illuminées dans ta paix infinie,
des milliards d’étoiles tournent dans la nuit,
flamboyant au-dessus de ta tête.
Mais en toi se trouve la présence qui sera,
quand toutes les étoiles seront mortes.