Extrait de Laurence Freeman OSB, Méditation, dans Jésus le maître intérieur (Paris, Albin Michel, 2002)
L’un des fruits de la méditation est le don du discernement : sur ce que les médias font et nous disent, sur le moment où il convient d’éteindre l’écran. En créant un espace de solitude par la pratique quotidienne, la méditation protège la dignité de la vie intérieure personnelle. Il s’ensuit qu’elle développe aussi les valeurs sociales de liberté personnelle et de participation responsable aux choix de la société. La passivité et le fatalisme que peut engendrer la saturation des médias sont contrecarrés par la méditation, ne serait-ce que parce que des esprits de sagesse sont moins facilement trompés.
Nous méditons dans ce monde. Notre décision de méditer traduit la volonté d’y participer de manière responsable, même si ce monde est en proie à la folie. Ce choix éduque au discernement et limite l’intolérance. Il enseigne la fidélité à la communauté du vrai Soi et protège ainsi la dignité humaine. Chaque fois que nous nous asseyons pour méditer, nous entraînons notre bagage et celui du monde dans le travail de l’attention. C’est une façon d’aimer le monde dont nous faisons partie et de contribuer à son bien-être. Précisément parce que c’est une façon de lâcher prise sur nous-même, la méditation nous aide à reconnaître et à partager le fardeau de l’humanité.
Après la méditation
Annie Lightfoot, True North, Iron String (Monmouth, OR: Airlie Press, 2013), p. 67.
Le vrai Nord
Tu es la première boussole, toi l’aiguille et la pierre, l’eau et le seau. Tu es le remorqueur des kilomètres, la force qui fait tourner, et tu es enfin la certitude qui suit ton propre point d’argent. Tu es la voile au-dessus du petit bateau, son angle et sa dérive, la nuit et la noirceur des vents. Tu es la tête penchée, le don et l’abandon, tu es le tissage brillant et la bonté des mains.
Tu es chaque ville et chaque rue, tu es le gardien de nuit ainsi que le jeune berger, tu es la peur aiguë, tu es le cœur, qui arrive indemne. Beaucoup de choses sont vraies, et celle-ci en est une :
Tu étais là, au matin, dans le grand arbre. C’est toi qui observais
le temps vert se dérouler. Tu étais et tu es encore là tout au long de la chanson.